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La solidarité est une affaire sérieuse

Lors du dernier conseil municipal, nous avons décidé de ne pas prendre part au vote validant un partenariat avec une association nommée La Casa pour héberger des mineurs exilés et isolés.

Pourquoi ne pas voter pour ce projet plein de bons sentiments ?

En effet, la situation de ces jeunes, parfois des enfants, dont les conditions de vie sont telles qu’elles les poussent à l’exil, qui arrivent dans notre pays souvent au péril de leur vie est intolérable : si leur demande de prise en charge par l’aide sociale à l’enfance est rejetée et qu’ils déposent un recours, il peut se passer de longs mois avant que leur dossier ne passe devant le tribunal. Pendant ce temps, il arrive qu’ils ne soient pas pris en charge et qu’ils se retrouvent à la rue avec le risque d’être victimes de trafics, de violence, d’être confrontés à la délinquance et à la drogue, alors qu’ils ont besoin d’un accompagnement renforcé et solide.

Et c’est bien là le problème du projet soutenu par la municipalité.

Nous avons examiné la délibération et demandé des compléments tellement le dossier est maigre :  peu d’information sur cette association âgée de quelques mois, dont on ne trouve pas le nom des dirigeants, pas d’expérience de projet identique mise en avant, pas de trace de partenariat existant, pas de budget prévisionnel, pas de garanties sur la qualité des intervenants, alors que des associations comme France Terre d’Asile font un travail extraordinaire dans ce domaine.

On s’étonne de voir qu’on propose que les mineurs soient autonomes alors qu’il faut pour ces jeunes un encadrement renforcé avec des travailleurs sociaux pour leur permettre de construire leur projet de vie. L’insertion professionnelle n’est même pas évoquée.

Les acteurs-clés sont oubliés : le département, tout d’abord, qui a la charge de l’aide sociale à l’enfance, la région via les parcours type avenir jeunes, l’Éducation nationale, les organismes d’insertion par l’activité économique, les associations qui peuvent accueillir ces jeunes en service civique…

Ce dossier est trop grave pour être traité d’une façon si superficielle. Ces enfants ont vécu des choses trop dramatiques pour qu’on prenne le risque de les confier à des personnes sans expérience.

Et on ne peut pas demander un vote sans montrer qu’un travail sérieux a été réalisé avant.

 

Tribune publiée dans le bulletin municipal A Fontenay de Juin 2021